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PREFACE

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Jean-Pierre Demas

INSTITUT SUPERIEUR DES TECHNIQUES DU SPECTACLE

L'une des rançons du progrès est d'avoir renchéri les performances mais aussi les coûts des moyens mis en œuvre pour effectuer les tâches, toutes les tâches, de la plus banale à la plus sophistiquée, et dans le même temps celui des moyens de protection et des moyens de prévention. Il en va de même en ce qui concerne les moyens de "réparation" auxquels nous avons recours lorsque les précédents se sont révélés insuffisants à prévenir les incidents.

Dans ce contexte, nous avons assisté à une surenchère de mises en garde, d'obligations et de contrôles, visant d'une part à avertir l'opérateur des risques qu'il fait courir à son entourage et à lui-même, donc à le responsabiliser, et d'autre part à apaiser les craintes des donneurs d'ordres et derrière eux de leurs assureurs.

On peut ainsi aller très loin dans l'instauration d'une psychose du risque, alimentée prioritairement par la crainte de sanctions toujours plus lourdes, et générer ainsi un état de prostration préventive où pour être à l'abri, les opérateurs techniques s'emploieront à ne plus agir, en proclamant leur incompétence.

Une alternative semble toutefois possible. Elle consiste à restituer aux catégories professionnelles, les ouvriers et artisans- qui en sont à l'origine, les connaissances et savoir-faire que se sont appropriés les experts. Ainsi ceux-Ià même qui "mettent en œuvre", seront en mesure d'évaluer correctement et en temps utile, les risques et dangers auxquels ils sont confrontés dans l'exercice de pratiques auxquelles ils doivent impérativement avoir été formés. Je veux dire par là qu'il est inconcevable d'ordonner l'exécution d'une tâche à une personne qui n'a pas la connaissance des matériels et procédures qu'elle requiert et qui donc ignore tout des éventuels dangers qui y sont liés.

C'est précisément le pari que nous prenons en publiant cet ouvrage. Il est destiné tout d'abord à nos régisseurs et machinistes, mais aussi à tous ceux qui auront la dure responsabilité, sur les plateaux, en plein air ou dans les salles de spectacle, plus ou moins bien équipées, de faire en sorte que les opérations de levage et d'accrochage s'effectuent de la façon la plus efficace, dans le souci de la sécurité et du confort des opérateurs et dans le respect de l'intégrité des matériels c'est-à-dire selon les règles de l'art.

Les règles de l'art ne se substituent pas à la réglementation, mais cette dernière s'en inspire largement. Il n'y a pas lieu non plus de chercher à les opposer. Elles interviennent simplement à des niveaux différents en se complétant. Si les règles de l'art disent les modes opératoires les mieux appropriés, selon les matériels et les opérations à effectuer, la réglementation en fixe les limites et fournit, a priori, les conventions auxquelles se réfèreront, en cas de besoin, fabricants et utilisateurs, mais aussi juges et assureurs.

C'est donc d'un recueil de règles de l'art dont il s'agit ici. Et je pense que ce recueil est très attendu dans nos professions quand le temps de formation "sur le tas" se fait de plus en plus rare, quand les savoirs se sont dilués avec l'amenuisement des équipes techniques, quand la décision doit être prise, sur le plateau, alors que des doutes sont encore permis, et surtout quand le matériel requis n'est pas disponible et qu'une solution de remplacement acceptable doit être mise en place pour que la représentation ait lieu.

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